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Voici la chronique d'une ferme écologique. Je souhaite y partager mes expériences et mes attentes... Pour une décroissance durable!
On pourra comprendre les choix,orientés par le soucis d'un impact moindre sur l'environnement à travers la description et l'explication des différentes réalisations et installations comme:
les bassins filtrants pour les eaux grises, la fabrication de toilettes sèches , la construction d'un four à pain (coût de la construction du four : O,OO€) ou la récupération des eaux de pluie. D'autres projets sont en cours ou encore à réaliser. Parmi ces derniers, la construction d'une "casetta"(petite maison) avec comme objectif l'utilisation maximum de matériaux prélevés directement sur le site

La ferme écologique de Sajabicu

la ferme écologique de Sajabicu se trouve à mi chemin entre le village de Penta di Casinca et les ruines du village médiéval de Sajabicu ou San ghjacumu.
Son objectif, outre de respecter et préserver l'environnement, est de faire connaître autant que possible l'essentiel des domaines qui relèvent de l'écologie. Ce qui signifie que je ne serai jamais "agriculteur" ou "chef d'exploitation agricole" ou je ne sais quel autre terme mercantile. Je ne souhaite pas cautionner ce qui a détruit la paysannerie .

jeudi 10 février 2011

Dans les gravats...

Finalement, nous avons choisi le plan "B"... Notre choix c'est arrêté sur un plancher en bois, suspendu par des étriers métalliques vissés dans la maçonnerie. Ce qui signifiait que je devais décaver la totalité de la surface de la maison pour laisser assez d'espace entre les poutres qui soutiendront le plancher et la terre battue.
C'est dans une brume pénétrante que je commençais à piocher dans les tas de gravats étendus que le maçon avait pris la peine de déverser.Une fois un espace suffisamment dégagé pour me contenir avec la brouette, j'entamais un travail long et pénible, répétitif. la hauteur des gravats mélangés à la terre dépassait par endroits les 40 centimètres. Je n'ai jamais pris la peine de calculer le cubage, mais cela représente un nombre impressionnant de brouettes. Le phénomène de foisonnement de la terre du à son oxygénation et son décompactage par le travail de la pelle et de la pioche faisait que le volume semblait augmenter au fur et à mesure que je vidais mes brouettes. Tel Sysiphe avec son rocher, je ne sais quelle peine je devais expier. Une fois encore, je réalisai à quel point ce n'était pas l'effort physique qui est pénible dans ce genre de travaux. Mais l'absence d'une autre personne. Pas une simple paire de bras, mais une humanité. J'aurai payé quelqu'un ne serait-ce que pour me regarder travailler tant la solitude était pesante, accentuée par cette presque nuit que la brume imposait depuis le premier coup de pioche.
Si je n'avais pas de courbatures. J'avais d'autres blessures à penser quand je rejoignais la chaleur du poêle dans la cabane.

Après la fête, (blues) Chanson de Charlélie Coutûre

Ya plus personne, la nappe en papier est toute déchirée, des couteaux en plastiques sur des assiettes en carton... C'est un peu avec la même nostalgie dans l'âme que je me trouvais après le départ des maçons. Leur présence sur le chantier ayant correspondu en grande partie à la période estivale, je n'avais en tête que ces moments de lumière et de partage dans le travail. Le gros oeuvre était achevé, la couverture en place, maçons et couvreur continuaient leur chemin ailleurs.
A présent, j'étais seul dans la bâtisse imposante par le volume que donne une maison sans plafond ni plancher. De la terre battue en (en dessous du sol fini) aux poutres de fêtage, sept bons mètres . Orientée comme la chapelle de Sajabicu, la maison semble être une église vide. Aucune fenêtre ni porte n'ont encore été posées. Par les ouvertures de ce qui sera l'étage, la brume entre lentement comme une fumée légère. Dehors je distingue à peine la silhouette du châtaignier le plus proche tant le brouillard est épais, voilant complètement tout espoir de soleil.
Le premier scénario pour le sol était un hérisson (lit de pierres dressées et serrées comme des sardines et recouvert d'une couche de petits galets de rivière). Sur ce hérisson, on souhaitait faire une dalle en béton de chanvre et poser de la terre cuite pour finir.
Ce choix, bien que très écologique et techniquement au point, nous semblait être le bon, si ce n'est la mise en ouvre lourde et un coût prohibitif pour notre budget. Mais dans cette perspective, j'avais demandé au maçon de combler l'espace entre la terre battue et le dessous présumé de la dalle avec la terre de remblais du chantier, suffisamment pourvue de gravats pour faire un hérisson acceptable...

dimanche 6 février 2011

Charpente et couverture.

La charpente de notre maison est constituée de poutres rondes en châtaignier et de chevrons carrés en pin larricciu. Les poutres, d'une section moyenne de 22 cm ont une portée de 6 à 7 mètres. Le Châtaignier est un bois idéal pour les charpentes car il ne se brise pas surtout quand il est de section ronde. La pose de chaque pièce de la charpente a nécessité l'utilisation d'un engin de levage. Il est possible de manipuler de telles poutres à la main comme le faisait nos anciens, mais cela implique de nombreux bras bien musclés, chose d'autant plus rare que les "operata" (coup de main, chantier collectif) ont pratiquement disparu des coutumes. En principe, une charpente doit reposer sur une sablière, qui n'est autre qu'une poutre posée sur un lit de sable contenu par deux rangs de briques ou de pierres maçonnés sur le dernier rangs des murs porteurs. Cela permet à la charpente, moins rigide que le bâti de s'autoriser quelques légers mouvements sans faire travailler le reste de l'édifice. La Charpente est simplement posée. C'est son poids et sa structure qui assurent l'équilibre de l'ensemble.
Les chevrons reçoivent le platelage, fait de planches de châtaignier. Ensuite, se sont les lauzes (plaques de schiste) qui assurent la couverture. Elles sont posées et ajustées une à une comme des écailles de poisson. De petites cales de schiste maintiennent les lauzes entre elles. Ce type de couverture nécessite un recalage périodique car c'est un ensemble vivant donc instable . Tous ces matériaux étaient jadis prélevés sur place ou le plus proche possible de l'endroit où se construisaient les maisons. Le bois, coupé à la bonne lune et séché comme il se doit ne recevait aucun traitement chimique Il y a encore de vieilles bâtisses toujours intactes, pour peu qu'elle n'aient pas été abandonnées.
Petit détail concernant la toiture de notre maison: Un tuyau de cuivre raccordé à la distribution d'eau permet, grâce à une vanne, d'arroser le toit et le tour de la maison en cas d'incendie ou de forte sécheresse. Cette précaution ne coûte presque rien et peut être salutaire si un feu venait à se déclarer dans les abords de la maison. Un groupe électrogène assure l'alimentation de la pompe dans le cas où, comme cela arrive fréquemment, un incendie détruit les lignes électriques.

samedi 5 février 2011

Le chantier...

La maison a poussé en quelques semaines. Les briques de terre cuite se montent comme un jeu de construction. Elles sont collées avec un ciment/colle qui se prépare dans un seau à l'aide d'un mélangeur à peinture (Une simple hélice fixée sur une grosse perceuse). Il faut très peu d'eau et d'énergie pour oeuvrer ces matériaux. Pendant la durée du Chantier, une citerne autoportée de mille litres suffisait amplement pour plusieurs jours, y compris pour ma douche du soir qu'un tuyau au soleil réchauffait doucement. La brique n'est pas sale et on se sent de suite bien à l'intérieur, au point qu'on pourrait se passer de la recouvrir, ci ce n'était la nécessite d'homogénéiser la surface du mur, et supprimer d'infimes courants d'air. Du village au dessus, une nouvelle forme rouge sortait de terre. Particulièrement éclairée au coucher du soleil. Quelques passages d'une pièce à l'autre sont voûtés, de même que les plus petites fenêtres. J'ai l'impression d'être en Afrique à l'intérieur et au Mexique à l'extérieur pendant toute cette saison estivale, où la sècheresse avait sévit.Je pouvais passer à la charpente...

mardi 1 février 2011

Toilettes sèches ...

Ce cylindre de bois auquel on ajoute un fond servira à contenir le seau. Une lunette est fixée sur le dessus. Il faut préciser que la sciure (ou autre matériau absorbant) contient du carbone.C'est l'équilibre carbone/azote qui contribue à éviter les odeurs et favorise le compostage. Il faut éviter les sciures contenant trop de tanins comme celle du châtaignier. On peut aussi utiliser du "sous bois" récolté dans la forêt. pendant les premiers temps où je séjournais dans ma cabane, je ne connaissais pas encore les toilettes sèches. J'avais fait un trou dans le sol à quelques mètres de là et trouvais cela peu commode. Les toilettes sèches ont simplifié tout cela.
Quand on vide le seau, il faut couvrir avec de la fougère, de l'herbe coupée et de temps en temps, ajouter un peu de terre, comme pour tout autre compost.
Il y a encore beaucoup de tabous et de préjugés autour des toilettes. c'est dommageable pour l'environnement, quand on connait les quantités d'eau (potable!) qui sont évacuées par la chasse.
Contrairement à une autre idée reçue, l'eau qui sort d'une fausse sceptique est loin d'être saine... Sans compter les dégâts occasionnés par le chlore qui se trouve dans toutes les eaux domestiques.